samedi 23 juin 2012

Roues: la sélection estivale 2012 n° 1



Avant, c’était plus simple.
On appréciait une roue à la bonne réputation de son fabriquant.


Avec la multiplication de l’offre dans les années 70 on s’est attaché à déduire le comportement des roues à partir de caractéristiques physiques:
- formelles : diamètre, empreinte, épaisseur d’uréthane ou diamètre du noyau, lèvre ou débord du noyau, coupe franche, biseautée ou arrondie.
- factuelles :
o dureté : mesure de résistance à l’enfoncement, exprimée en shore A ou D sur l’échelle appropriée, estimé en pinçant ou croquant la roue
o élasticité ou rebond : indique la capacité de restituer une énergie en mesurant la hauteur du rebond d’une hauteur fixe, mesuré empiriquement  en lâchant la roue à bout de bras,
o résistance mécanique à la déformation ou à l’abrasion
o maintien des caractéristiques de comportement dans le temps ou quand les conditions du milieu évoluent : on a vu des roues friables, qui se décolorent, qui fondent, qui collent, …
o Dernier élément important: le prix des composants et des solutions, bien sûr.


Georges Powell se vantait d’avoir une formule d’uréthane a plus de 12 composants – quand un uréthane de base est seulement bi-composant.
Les amateurs de Kryptonics savent également que les formules ont très souvent varié, pour des raisons d’évolution technique dans les procédés de fabrication, de changement commercial de fournisseur ou de législation.




Les Seismics Hot-spots sont des roues excellentes. Mais dans quelle formule d’uréthane ? Classique, Black-Ops ou Elixir ? Un seul repère pour les différencier, un code couleur et un marquage externe.




Cult a bien compris cette dichotomie en proposant des roues d'apparence similaire, mais au comportement différent en raison des formulations, classic ou psychathane sur les Traction Beams.




Chez Abec 11, la différence de grip et de rebond est bien connue sur les uréthanes Reflex ou en Classic Formula




Aujourd’hui il faudrait recourir à la caractérisation chimique des matériaux pour différencier les formules d’uréthane, et en extrapoler leur comportement sur route.


Une tendance forte se dégage des offres 2012: les roues sont plus grandes, et passent volontiers du classique 70mm de diamètre à 72-73mm, et de 75mm à 77mm. L'impression de vitesse ressentie est plus importante, même si de grands descendeurs ou amateurs de LDP ne quittent pas le classique 70mm.


« Rodrigue, as-tu du cœur ? »
« Tout autre que mon père l’éprouverait sur l’heure »
Le Cid Acte I scène V.


Le noyau, le core, le cœur de la roue constitue une caractéristique physique essentielle.
Deux conceptions s’opposent: le cœur fin et le noyau dur.




Le cœur fin sera plus léger, plus fragile, et donne la priorité à l’expression des caractéristiques de l’uréthane.
Dernier exemple en date : les Balut Orangatang, hautes et fines avec un diamètre intéressant de 72.5mm pour une empreinte de 35mm. Développées à partir d’une jante in-line, ces roues ont eu un coût de développement extrêmement réduit. Elles s’usent vite, sont fragiles, mais conservent assez fidèlement le caractère des uréthanes traditionnels de la marque.
Une légère imprécision dans le moulage du cadre des roulements fait qu’elles ne sont pas conformes aux cotes standard d’entretoises.




Le noyau dur est inversement une recherche de développement d’un cœur innovant, pour limiter mécaniquement les variations de comportement de l’uréthane : une accroche chimique ou mécanique pour l’uréthane, et un soutien physique pour maintenir son comportement avec le moins de variations possible.
C’est selon cette logique qu’a été développée la récente FSU KM chez Landyacht.
Comme une bonne idée reste rarement au fond des placards d’un fondeur, on pourra les comparer à ces King Tide bien moins chères. Même forme – mais pas le même uréthane …  70x50, 78a.




On trouvera bientôt des RAD sur ce principe de gros noyau dur peu déformable: pas encore distribuées, mais annoncées à grand renfort de pub, elles promettent moins de déformation pour davantage de contrôle de la trajectoire. Prix annoncé 70$, 72 x 48, 74 ou 78mm pour deux formules 78a ou 80a.





Les Duval suivent le même principe de construction avec les classiques 70 x 40 80a Killawatt, ou le modèle plus grand Los Toros: 77 x 46, 83a. Mais c'est moins cher : 40$ environ.








Et puis … et puis il y a les DTC.
Les DTC sont des OVNI, dont le comportement impose de revoir ce que nous pensions acquis en matière de design, bien résumé dans les articles d’initiation « Hi kids ! I am a wheel ».




Ni leur forme, ni leur construction ne permettent de déterminer leur programme : accroche, ou glisse.
Construites autour d’un gros noyau aluminium lourd et peu déformable, elles vont à l’encontre de toutes les idées reçues tirées de la simple observation formelle : l’essai s’impose.




Lourdes, larges, peu confortables sur un sol dégradé, elles ne s’expriment bien qu’avec un peu de vitesse, quand on cherche leur point limite de glisse. Et cette limite est au-delà de ce qu’on attendrait d’une roue à flancs arrondis. Quand on la pousse en glisse, elle se laisse partir sans surprise, sans rebond, … et sans usure notable.


Le problème du prix reste entier pour les américains, qui à l’inverse des Européens, ne sont pas habitués à payer 60 € donc 75$ un jeu de roues.




Powell joue également cette carte de la différenciation après des années à proposer la médiocre gamme Surf One pour les Longboards et Cruisers, sans âme, sans relief, et sans qualité. Son nouveau produit s’appelle These Wheels, distribué à 70$ le jeu, avec un gros effort sur la formulation de l’uréthane, une identité visuelle forte, et une grosse campagne de communication. Disponibles en 70 et 75mm.
Gageons que 35 ans d’expérience, de gros moyens de recherche et de production – Powell a sa propre fonderie d’uréthane – permettent de proposer un produit innovant.




Une roue chère est hélas un problème récurrent de l’offre en Europe – et on peut parier que des offres alternatives vont apparaître pour occuper ce créneau, comme les Clover Espagnoles ou la gamme Factory Lab venue d’Argentine: roues Gen très génériques, ou Mask, Axon ou Molecula ou Adn sur le modèles des grandes Orangatang.


On reste sur des solutions clé en main proposées par les fondeurs d’uréthane – donc pas d’innovation dans la formulation, avec des marquages, habillages, positionnement différents, qui se concurrencent autour de deux niveaux de qualité d'uréthane - classique ou SHR : Super High Rebound.


Le secteur intermédiaire en gamme de prix voit la plus grande variété d’offres, mais avec peu d’innovation – nous verrons qu’un grand nombre d’offres de fondeurs se retrouvent sous différentes marques. 
La suite ... à retrouver rapidement sur Sakaroulé !.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Merci pour l'article, vivement la suite !!

Je recherche une roue polyvalente pour un peu de slalom, bowl, cruising pour un cruiser et une board type slalom géant. J'hésite plus ou moins sur la taille (66 ou 70mm) et j'ai retenu 2 modèles, les seismic hotpots et les zigzag. A ton avis, est-ce que les roues ont un comportement similaire ? Quelle taille choisir ? Je te remercie par avance pour ton éclaircissement.

Bonne continuation.

Vincent

Bevilacqua a dit…

j'ai un faible pour les Hot-spots, mais pas pour le programme que tu évoques. La forme polyvalente que je préfère: Krypto 70mm ou Cult Classic 70mm, large mais sans lèvre, rebondie et juteuse pour glisser agréablement ou tourner court en bol ou en slalom.

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