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lundi 26 novembre 2012

La ballade du mois d'août 2012


Impressions de voyage



Départ 11h  nous débarquons à la gare de Sion - direction Chemin de la drague, Adrelyx.
Cyril n'était pas là, parti tourner une video de promo mountain-Board.


Dernier changement de roulement, puis direction le Rhône, par le Chemin des Gardes-de-nuit.


Ca y est, le Rhône est là : 12°, une onde fraîche, des passages ombragés, et cette vapeur de fin de matinée qui monte vers un ciel uniformément bleu.



Première surprise : le parc de Sion n’est pas goudronné ! C’était annoncé dans le road book, on traverse sans encombre et on reprend le chemin de la digue sans problème.

Les paysages se succèdent, à travers champs ou le long de la rive fraîche du Rhône au flots gris, dans cette petite poussière crissante qui fatigue les roulements.Nous alternons l'ordre de marche pour papoter, échanger, discuter des positions privilégiées pour pousser ou pomper - entre le "Say hello - Wave goodbye" ou le "Rock the baby". Chris me révèle son secret de pousseur ambipode: commencer l'entraînement dès le matin, chaque fois qu'on le peut faire le "pied de grue" - pour moi se serait volontiers "faire le Flamand rose" ...




Le passage au vent de Martigny a été épuisant – on s’arrête un moment pour se remettre – heureusement cet effet Venturi ne dure pas – il se fait sentir sur environ 1km de part et d’autre de la fin de la vallée.


Pause méridienne : après avoir croisé le Rhône à hauteur de Saint Maurice la pause s’impose. Nous trouvons une halte à l’ombre près de la Cantonale, à hauteur des Bois Noirs.


L’ambiance est concentrée – on s’alimente consciencieusement mais en pensant à la suite du voyage … nous avons accompli 60 km seulement, la suite sera-t-elle plus difficile ?


Nous redescendons vers  St Maurice, jolie petite bourgade resserrée au fond de la vallée. A la sortie le Rhône, l’autoroute, la Cantonale et la voie ferrée se serrent sur une largeur de moins de 100m. Ce sont les « lèvres de St Maurice » Nous n’opterons pas pour la bonne route  - faute de road book accessible, nous en serons quitte pour une petite rallonge et quelques kilomètres peu agréables en bordure de Cantonale.

Notre guide nous laisse près de Monthey – face au joli pont de Massongex.


Merci Roland pour avoir accepté de guider tranquillement quatre farfelus, qui se traînent à une allure d’escargot à côté de ton vélo rutilant ! Ton humeur égale et ta persévérance communicative nous ont aidé à tenir cette première partie, ce travail d’équipe a été fructueux !



Après avoir quitté Roland nous accélérons un peu la cadence pour garder un rythme soutenu dans la moiteur torride de l’après-midi.Nous nous relayons en devisant, en chantant ou en déclamant des poèmes.Un peu altérés par cette poussée de fièvre, nous croisons un étrange bâtiment à hauteur d’ Aigle : le Centre d’entraînement Olympique de l’Union Cycliste Internationale, la célèbre UCI ! 


Enorme éclat de rire et pause bien méritée. Nous posons fièrement nos montures dans les racks d’accueil, et reprenons quelques forces au bar du Vélodrome.





Nous cherchons les fantômes de Lance Armstrong et Richard Virenque dans ce grand bâtiment glacé un peu perdu dans un paysage de champs et de fleuve. J’essaie de traduire en anglais l’incongruité de la formule magique « à l’insu de mon plein gré » par un « unbeknownst of my own will » ronflant, voire un « unaware but willingly ».

Avec ce qu’on nous avait donné comme potion magique, la partie suivante ne fut qu’une formalité : nous avons suivi le chemin de la digue au bord du Rhône jusqu’à Port Valais, avant d’obliquer à droite sous les frondaisons dans le delta du Vieux-Rhône.

La zone est plus fréquentée, il y a des familles à vélo, des promeneurs. Nous passons sous les frondaisons, à travers des champs plein d’alluvions légères qui font crisser les roulements, sur le Grand Canal, puis au dessus du pont de l’Eau Froide : ça y est, nous sommes à Villeneuve, au bord du lac.
La lumière dorée nous accueille, avec cette atmosphère de vacances et de baignade. Nous sommes euphoriques.


La ballade de bord de lac me replonge avec délices à mes vertes années, quand j’allais semer la terreur sur les digues en slalomant entre les piétons. Je fonce, je frétille, ça farte à fond les endorphines ! Je ne crois pas avoir mis beaucoup le pied à terre entre Villeneuve et Vevey !







Lake Leman lies by Chillon’s walls a écrit Byron il y a deux siècles – l’ombre du château de Chillon dessine sur le lac une silhouette gothique, en totale contradiction avec les jeux de plage et parfums de crème solaire ambiants.


Etrange vision sur la Riviera de Montreux : entre les façades des grands hôtels, une statue me tourne le dos. Cet homme à la canne n’est pas Charlot (il est à Vevey je crois) mais Freddie Mercury, immortalisé dans son costume du concert de Wembley (les couleurs en moins).


Avant que les vapeurs du soir ne montent sur le lac nous quittons la rive et partons à la dérive au bord de la Cantonale pour rejoindre la gare de Vevey.


Dernières portions lisses permettant quelques pointes de vitesse, puis la gare, la fin de l’aventure, la fin de la chanson. Il est presque 20 heures.


Chris et son amie Faye nous ont réservés  un accueil de rois (qu’ils en soient encore remerciés !) et nous célébrons ensemble au dessus du lac cette journée mémorable avec au loin les derniers feux des fêtes de Genève.



Les erreurs
Le coude entre deux vallées à Martigny : nous aurions dû passer rive gauche, ce qui n’aurait toutefois pas permis d’éviter ce terrible effet venturi qui nous a coupé les jambes pendant deux kilomètres de part et d’autre de la fin de vallée. Inévitable.

Les Lèvres à St Maurice : la vallée se resserre à nouveau pour ne plus laisser qu’un étroit passage de moins de 100m dans lequel se concentrent le Rhône, le chemin de fer, l’autoroute et la Cantonale. Passage serré à proximité des voitures sans chemin de traverse, on serre les fesses et on poursuit direction Lavey.
Nous aurions gagné à changer de côté du Rhône, en passant rive gauche, pour retrouver le chemin de halage et retrouver la rive droite au pont de Massongex.

Le delta du Vieux Rhône: le Rhône se jette dans le lac à Port-Valais, à 6 km à l’ouest de Villeneuve. Après St Maurice nous avons suivi la route du Vieux Rhône vers Port Valais à l’ouest de la vallée plutôt que la piste optionnelle qui longe les coteaux à l’Est.
Ces deux pistes de rejoignent à Villeneuve, au bord du lac. Ecart : 6 km environ en sous-bois – pas désagréables.


Les cascades, les bûches et autres fourberies: 
- Evitée : Chris à Lavey à la sortie des Lèvres de St Maurice : une route peu agréable, les voitures qui passent juste à côté … un rocher, un saut ! Un écart est si vite arrivé. Avertissement !

- Roulé-boulé : Jérôme dans le Canal de la Fontaine à Martigny. Une position repliée sur les genoux pour s’étirer un peu, un déséquilibre, et hop ! trois roulades sur le dos vers le ruisseau en contrebas ! Le sac à dos a amorti la chute, et j’en suis quitte pour des démangeaisons provoquées par les herbes. Un instant de doute sur une cheville – tout est en place, on repart !

- Sortie du château de Chillon : belles courbes bétonnées, petite descente et fourbe rainure (joint d’expansion ?) qui surprend ! Si on est joueur on tente le coup, si on est prudent on saute en catastrophe et on prévient derrière. Pas de blocage, mais petit frisson rétrospectif.

- Le tunnel fatal : au détour de la route, non loin de Sion, un tunnel plonge soudain sous la route. Il est rempli de ce petit sable gris du Rhône. Chris passe, je freine, Stef chute lourdement sur le dos. Bilan quelques contusions qui se confirmeront le lendemain après un claquement sec qui interrompt le sommeil : une côte cassée. La pratique des sports de combat aidant, Stef sait « encaisser » et minimiser et déplacer son effort vers d’autres zones de mobilisation – il finira donc la journée avec quelques grimaces, mais en silence. (comme me l’écrit un skater : 90km avec une cote petée respect ^^)

Moralité : attention aux tunnels souvent mal nettoyés, changement de revêtement, sable ou boue accumulés … d’autres amateurs de LDP d’Alsace m’ont fait part du grave accident survenu à l’un d’entre eux cet été – alors anticipons … 

Et le lendemain ?
Je pose prudemment un pied par terre, puis l’autre : je n’ai mal nulle part. En fait je suis sur un petit nuage, plein de cette formidable énergie acquise ensemble cette journée. Vers midi je ferai un tour rapide des quais d’Ouchy (Bellerive Ouchy Pully 6 km), et en fin de journée nous profiterons avec Gaétan et Stef des routes fermées pour la fin des fêtes de Genève pour un grand tour (de la Perle du Lac au Quai de Cologny et retour 13 km).

Le surlendemain je ferai une belle balade au bord de l’Isère entre Bourg st Maurice et Aime, et tenterai même un record personnel du 12km sans grand succès : temps trop chaud, et début de grippe.
Donc globalement, pas d’abus physique, pas de douleur, pas de courbature ou de tendinite.
Un bémol pour Stef, dont la côte a claqué pendant la nuit, et qui ne peut ni rire ni éternuer …mais qui supporte son mal avec patience. 

So we beat on, boats against the current, borne back ceaselessly into the past.

Forward motion, Elan Vital,
Venceremos ! Vooruit !
Victory !



Merci à tous !

3 commentaires:

  1. Merci à Charlélie Couture pour le titre, et à tous pour cette journée fantastique.

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  2. Belle balade suisse! Si j'avais été là, vous seriez allés plus vite, mais ça aurait été moins drôle! ;-)

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  3. popopop que tu dis ..; demande à Chris s'il faisait le fanfaron !

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