Caisse à savon par Louis Vuitton

Régulièrement, le malletier Louis Vuitton prouve que ce n'est pas parce qu'on est un géant du luxe mondial que l'on doit forcément tout le temps se prendre au sérieux. Après la très smart et décalée bicyclette pour jouer au polo et la série de figurines animalières fabriquées à base de petite maroquinerie, Vuitton a imaginé une caisse à savon. Vous savez, la "soap box" en bois de notre enfance, avec quatre roues à chaque extrémité et un guidon de fortune. Sauf que celle-ci est entièrement gainée de toile damier graphite et carbone. C'est vrai qu'elle en jette avec son volant en hêtre ultra-design, son siège capitonné en alcantara anthracite et son iPhone en guise de tableau de bord. C'est bien la seule entorse faite au côté rétro de cette soap box revisitée. Comble de la modernité, il affiche la vitesse du bolide en temps réel.

Cette petite merveille de chic et d'autodérision a été imaginée par le département innovation du célèbre malletier. Basée sur le principe de la malle roulante, elle a été réalisée dans la plus pure tradition par la crème des menuisiers et artisans de la maison. La caisse est en bois de peuplier, comme toutes les malles Louis Vuitton. Pour la gainer de toile damier et carbone (une nouvelle toile maison qui allie légèreté et solidité) et d'empiècements en cuir, il a fallu planter la bagatelle de 700 clous en palladium. La technique du lozinage (art de clouer des bandes de cuir pour protéger les arêtes des bagages) a même été appliquée à la réalisation de ce concept-car pas banal.

Cinq autres modèles du même acabit sont en cours de réalisation. Mais ils ne sont, hélas, pas à vendre. Ce sont surtout des véhicules d'image destinés à trôner sur le parquet d'une poignée de magasins Vuitton dans le monde, à commencer par ceux de Chine et d'Australie.

Voilà, en tout cas, un engin qui devrait réconcilier les fashion victimes avec le gamin qui sommeille en chacun de nous. Car il suffit de s'approcher de ce drôle de bolide pour se retrouver propulsé en culotte courte et avoir les yeux qui brillent devant cette caisse à savon. Si ma mémoire est intacte, la dernière fois que j'en ai piloté une, je portais encore des couettes et une robe à smocks. Quelques années plus tard, sanglée dans mon Perfecto et mon casque à damier assorti à la Soap Box vissé sur le crâne, je suis prête à en découdre, comme vous pourrez le constater en cliquant sur la vidéo ci-dessous. Impossible de rester de marbre devant cet engin. On n'a alors qu'une envie : sauter dedans pour l'essayer.

Pour cela, il faut dénicher une belle pente, car cette auto résolument écolo n'a pas de moteur et ne fonctionne que selon les lois de la gravité. Heureusement, deux éminences de l'équipe innovation chez Vuitton me proposent leurs services de pousseur.

La pente a beau être douce, les sensations sont au rendez-vous. Telle une Cruella à la poursuite des 101 dalmatiens dans le bois de Boulogne, j'ai l'impression de rouler à tombeau ouvert et chaque coup de volant renforce l'impression d'incarner Satanas et Diabolo à moi toute seule. Même si je dois avouer que je ne risque pas non plus de grand excès de vitesse. La preuve, la police montée qui faisait une ronde ce jour-là dans mon sillage n'a pas osé dégainer son carnet de P-V. Une chose est sûre, il est impossible de passer inaperçue au volant de cette malle à roulettes démente. Les passants dévissent la tête sur mon passage. Le ridicule ne tue pas ? Tant mieux !



La caisse à savon revisitée par Louis Vuitton sera l'une des stars de Born Designers, qui aura lieu du 25 au 29 janvier à Courchevel. Il s'agit d'un festival de design imaginé par Jean-Christophe Chopin et dont Patrice Meignan, éditeur du très branché magazine Intersection, est le commissaire d'exposition.

La video est ici - le festival de design est là.

(C) Le Point.fr Marine de la Horie - publié le 19/01/2012.

Pour poursuivre le voyage dans cette veine ludique, 

une expo de voitures à pédales bien colorée à Wasquehal, près de Lille.

(C) La Voix du Nord

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Le luxe n'a pas de prix.